Réagir ou bien agir face aux situations

La méditation pleine conscience part du principe que les expériences que nous vivons sont de nature fluides et changeantes. C’est l’idée que tout change, que tout est impermanent : une pensée ne s’attarde pas dès lors que l’esprit ne focalise pas dessus, un sentiment passe dès lors que le mental ne s’y agrippe pas pour y ajouter questions et inquiétudes, nos relations changent à chaque instant, etc.

Selon la philosophie bouddhiste, nous sommes aptes à réaliser que ce que nous considérons comme « acquis, solide, sur » n’est pas une « chose »* mais une expérience.  * ma douleur, ma pensée, mon émotion, ma conviction, etc.

La pleine conscience propose l’approche suivante : Je suis en train de ressentir une douleur, je repère que mon mental rumine de la préoccupation, je me surprends à forger une conviction à propos d’une personne ou d’une situation, etc.

Le plus souvent, ce que nous « chosifions » n’a pas de réalité en soi… A quel point ce que je pense de cette situation ou de cette personne est vrai ? Si ce n’est que je considère que puisque c’est ce que je pense, c’est forcément vrai !

En fait tout ce que nous vivons est processus, et un processus est par nature fluide / vivant. Si je crispe ou focalise sur la « chose » (« Un jour elle est contente, un jour elle ne l’est pas ; elle est instable, c’est insupportable ! »), alors le processus vivant cesse de se déployer. La fluidité devient solide, l’expérience se fige. L’égo est entré en action ; il va s’accrocher à l’interprétation qu’il fait de ce qui se passe, et nourrir sa position pour la justifier (« … c’est insupportable ! et d’ailleurs… »). Il s’agit d’un mécanisme de protection naturel et généralement inconscient.

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Bien sûr il est normal de répondre de façon réactive. C’est normal mais pas nécessaire. Car tant que l’expérience est abordée comme un processus éphémère, alors elle peut rester fluide et ouverte. Tant que nous admettons que nos convictions ne reflètent souvent que les histoires que nous nous racontons à nous-mêmes, que nous construisons une partie de la réalité, alors l’expérience peut garder sa dimension vivante. Et nous avons la faculté de nous dire (avec un peu d’entrainement je vous l’accorde), quelles que soient les circonstances : « Là, maintenant, c’est comme ça. Cela ne me plait pas, je n’aime pas, mais l’expérience que je suis en train de vivre est telle qu’elle est. » Je sais que j’aurai à clarifier la situation plus tard, ou bien à exprimer une demande à la personne. Je sens que la situation génère quelque chose en moi. En attendant, là maintenant, comment je peux répondre à la situation ? Comment je peux agir plutôt que réagir ?

En mettant l’égo de côté (je suis fâché, c’est inadmissible, etc.), nous pouvons nous demander quel est le vrai besoin ? Plutôt que de « me » sentir indigné(e) par ce que j’interprète des réactions ou non réactions de l’autre, je peux revenir à ce qui a à être fait, dans la fluidité. J’aimerais mieux comprendre la personne, tâchons de nous comprendre. Nous avons un problème à résoudre, résolvons le problème. Nous devons fournir un travail ensemble, fournissons ce travail. Je dois subir une intervention douloureuse, (clin d’œil à une chère amie) réalisons l’intervention.

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Prenons un exemple de la vie courante :

Dans les conflits relationnels : lorsque je me sens mal compris, agressé ou insulté : Comment est-ce que je « m’oriente vers » cela ? Est-ce que je m’immerge là-dedans ? Est-ce que je cherche à avoir raison, à incriminer l’autre, à figer la situation ?

Le plus souvent nous réagissons / sur-réagissons car nous ne nous sentons pas respectés. Mais quelle est la partie de nous qui ne se sent pas respectée ? Ne serait-ce pas celle qui interprète, celle qui considère que les choses doivent être comme ceci ou comme cela, une partie blessée en nous ? Ce que nous appelons l’égo peut-être ?

Tandis que nous pourrions prendre du recul et observer le processus, l’expérience, avec une saine curiosité :

  • Comment « je » suis ? Comment je me comporte ? Qu’est-ce que je suis en train de penser ?
  • Comment « il/elle » est ? Comment il/elle se comporte ?
  • Ce que je veux, ce que je crois, ce que j’interprète.
  • Comment je m’exprime, et quel degré d’ouverture d’esprit je conserve par rapport au fait que la situation ne me convienne pas, que l’autre puisse ne pas être d’accord avec moi, etc. Dans quelle mesure est-ce que j’arrive à rester dans la fluidité de la relation (dialogue, action…) plutôt que de basculer dans les histoires que mon mental se met à fabriquer ?

Être plus à l’aise dans nos expériences, c’est accueillir de mieux en mieux ce qui se présente comme étant un processus fluide et impermanent, que ce soit agréable ou désagréable. C’est développer la capacité à être l’observateur de ce qui est en train de se passer, pour agir d’une manière qui soit la mieux adaptée possible.

 

4 commentaires sur “Réagir ou bien agir face aux situations

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  1. J’aime beaucoup votre blog. Un plaisir de venir flâner sur vos pages. Une belle découverte et blog très intéressant. Je reviendrai m’y poser. N’hésitez pas à visiter mon univers. Au plaisir.

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