Que pensez-vous du fait d’avoir des émotions ? Faites-vous partie des personnes qui préféreraient ne pas avoir d’émotions négatives, de celles qui aimeraient pouvoir maîtriser leurs émotions ? Ou bien considérez-vous que d’avoir des émotions, c’est être vivant ? Ou encore autre chose ?!
Dans notre enfance nous sommes nombreux à avoir entendu des phrases telles que :
Notre éducation émotionnelle s’est souvent limitée à ce qui était acceptable ou non au sein de notre famille et à l’école. L’enfant que nous étions a vécu ses émotions du mieux qu’il pouvait. Il en a tiré des conclusions, à propos de ce qu’il ressentait, et à propos de la manière dont il manifesterait ses émotions en grandissant :
En réalité, beaucoup d’adultes ne savent pas quoi faire avec les émotions « négatives » : Que faire face à la colère de son chef ? Que dire à un ami qui pleure ? Comment calmer une personne très inquiète ? Lorsque les émotions d’un enfant nous sont désagréables, nous avons tendance à le mettre à distance en lui demandant de se calmer ou de se taire. Face aux émotions d’un adulte qui nous mettent mal à l’aise, nous tentons d’apporter une solution pour que la personne se calme, ou bien nous la mettons de la distance. Nous cherchons naturellement, et c’est bien normal, à éviter de ressentir des choses désagréables.
Ce constat étant posé, vous vous demandez peut-être où je veux en venir… Si vous êtes d’accord pour considérer que l’être humain est extraordinairement bien fait, que nous sommes constitués d’atomes, d’organes qui fonctionnent sans même que nous ayons besoin d’y penser, alors vous serez probablement d’accord pour envisager que les émotions ont une fonction utile ?! « Oui mais laquelle ? » me direz-vous.
La Communication Non Violente (Marshall Rosenberg) est fondée sur un principe qui va peut-être vous étonner, et vous paraître évident en même temps :
Selon les travaux de Paul Ekman*, il existe 6 émotions primaires : la joie, la colère, le dégout, la peur, la tristesse et la surprise. Ces émotions sont innées, automatiques et inconscientes. On les exprime face à une situation d’urgence. Elles contribuent à notre protection.Le problème, c’est que lorsque nous étions enfant, et que nos émotions nous conduisaient à manifester des choses perçues comme désagréables par les adultes, nous étions souvent mis à l’écart ou rejetés. Notre émotion était rejetée. Du coup, comment pourrions-nous avoir appris à identifier le besoin caché derrière l’émotion ??? Vous savez, cette question qui peut changer beaucoup de choses : « Je vois que tu es triste ; quand tu te sens aussi triste, de quoi as-tu besoin ? Qu’as-tu besoin de dire et à qui, qui pourrait faire quelque chose, qu’est-ce qui peut être fait ? etc. »
- La peur nous a sauvé la vie lorsque nous étions en danger face à un environnement hostile.
- Le dégoût nous a permis d’éviter de mettre notre santé en danger en avalant n’importe quel aliment.
- La colère peut être aussi vitale en fournissant l’énergie nécessaire pour franchir un obstacle.
- La surprise, elle, éveille tous nos sens pour faire face à un évènement inconnu.
- La joie permet de mieux s’intégrer à un groupe (pour être plus en sécurité).
- La tristesse et les larmes sont là pour attirer l’attention du groupe afin d’y être réintégré.
Au fil de l’évolution, l’homme a développé des émotions plus complexes comme la honte, la fierté, la gratitude, la timidité, etc. Chacune de ces émotions est un signal qui manifeste un besoin à satisfaire.
De nombreuses personnes ont appris à nier ou à contrôler leurs émotions désagréables ; en clair elles essaient de ne pas les ressentir. Et quoi de plus normal ? Personne n’a envie de souffrir. Sauf qu’en mettant un couvercle sur les sensations liées à l’émotion, nous nous privons de la possibilité d’identifier le besoin qui lui est associé. C’est le besoin qui est la véritable origine de l’émotion, et non pas l’événement ; l’événement est le déclencheur.
Or que se passe-t-il si le besoin n’est pas satisfait ? Il se manifeste, encore et encore. Et l’émotion gagne progressivement en intensité. Jusqu’à ce qu’un jour la personne se dise « Je n’arrive pas à maîtriser ma colère, je suis complètement envahi », ou bien « Je ne supporte plus les conflits, je perds mes moyens ».
Lorsque nous comprenons que c’est la satisfaction de nos besoins les plus enfouis qui apaisent nos émotions, notre vie émotionnelle change.
Parce que nous développons la capacité à agir au bon niveau : celui de nous mettre à l’écoute de ce dont nous avons besoin, et le fait de chercher comment satisfaire ce besoin ; plutôt que de chercher à faire taire nos émotions !
Quelques exemples de besoins qui peuvent se cacher derrière nos émotions :
Alors, comment faire pour vous entrainer à identifier les besoins cachés derrière vos émotions ? Il est bien question d’entrainement, cela ne se fera pas du jour au lendemain. Mais je vous assure que vous pouvez le faire.
Voici un protocole que vous pouvez suivre :
- Un événement désagréable se produit. Notre système émotionnel le perçoit – plus ou moins consciemment – comme une menace (danger, humiliation, rejet…). A cette menace est associée un besoin (protection, respect, amour, reconnaissance…).
- Une émotion (peur, colère, tristesse, etc.) vient m’indiquer que je me sens menacé.e, et qu’un besoin est à satisfaire.
- En étant attentif à notre état de défense, en nous mettant à l’écoute de notre ressenti, nous cherchons à identifier le besoin à combler. Pour cela il est souvent utile de :
- Accepter de vivre des sensations désagréables en ayant conscience du fait qu’elles vont passer.
- Laisser le plus d’espace possible en nous pour que ces sensations se diffusent, qu’elles circulent ; plus vous cherchez à comprimer ce que vous ressentez, plus l’intensité est élevée. Les ressentis restent bloqués. Respirer, faire le plus de place possible. Vous pouvez imaginer une tornade émotionnelle ; elle vous traverse jusqu’au moment où elle se résorbe, ou bien elle passe, traversant votre paysage intérieur.
- Garder à l’esprit que c’est le besoin caché dans / derrière les sensations qui est la clé de votre soulagement.
- Vous trouverez en bas de cet article une liste très aidante pour débuter dans l’identification des besoins.
- A partir du moment où nous avons identifié le besoin caché derrière l’émotion, celle-ci s’apaise. En effet la situation n’est plus perçue comme menaçante par notre système émotionnel.
- Nous élaborons des solutions pour combler le besoin et les appliquons.
Et pour les émotions agréables ?? Elles sont également reliées à des besoins : partager avec les autres, prolonger le ressenti, renouveler ce type de sensation, etc. Pour vivre pleinement vos émotions agréables, n’hésitez pas à répondre aux besoins qui y sont associés !
* Paul Ekman, né le 15 février 1934, est un psychologue américain. Il est considéré comme l’un des cent plus éminents psychologues du XXe siècle.
Liste de besoins :
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